Sketchnote issue du cycle de conférences « Innovation en éducation »
L’architecture scolaire joue un rôle crucial dans la qualité de l’éducation. Louise Michaud, architecte et conférencière, explore comment l’aménagement des espaces scolaires peut transformer l’apprentissage. Dans cet article, nous découvrirons comment des espaces bien conçus peuvent promouvoir des pédagogies actives, l’autonomie et la socialisation des élèves. À travers des exemples inspirants et des approches innovantes, nous verrons comment l’intention et la collaboration entre enseignants et élèves peuvent créer une classe idéale, adaptée aux besoins contemporains de l’éducation. Article issu d’une conférence donnée au congrès innovation en éducation organisé par Julien Peron.
Louise Michaud nous a fait part que l’aménagement a un impact de plus de 16% sur les résultats scolaires ! impressionnant !
Table des matières
Pourquoi les écoles traditionnelles sont inadaptées aux pédagogies actives
Les écoles traditionnelles ont été conçues à une époque où les besoins pédagogiques étaient très différents de ceux d’aujourd’hui. Les lois scolaires de 1880, notamment la Loi Ferry, ont établi un modèle d’école qui a peu évolué malgré les changements sociétaux et éducatifs majeurs. Dans les années 60-70, la massification scolaire a conduit à des bâtiments standardisés, rigides et peu flexibles, incapables de s’adapter aux nouvelles pédagogies actives qui prônent le mouvement et l’interaction.
Contexte historique
– 1880 : Loi Ferry – Cette loi a instauré l’école obligatoire, gratuite et laïque en France. Toutefois, à cette époque, la conception des écoles ne tenait pas compte des besoins de mouvement et de flexibilité des enfants.
– 60-70 : Massification Scolaire – L’augmentation rapide du nombre d’élèves a conduit à la construction d’écoles standardisées, basées sur un modèle rigide et uniforme. Ces bâtiments, conçus pour accueillir un grand nombre d’élèves de manière efficace, ne favorisent pas l’adoption de pédagogies actives.
Limitations actuelles
Les bâtiments scolaires conçus dans les années 50 à 70 ne sont pas adaptés aux nouvelles approches pédagogiques qui émergent aujourd’hui. Ils sont souvent caractérisés par des salles de classe fermées et des espaces fixes qui limitent la capacité des enseignants à intégrer des méthodes d’enseignement dynamiques et interactives. En conséquence, les écoles peinent à répondre aux besoins actuels des élèves, qui nécessitent des environnements plus flexibles et stimulants pour favoriser leur engagement et leur apprentissage.
Pour que les pédagogies actives puissent être pleinement efficaces, il est crucial de repenser l’architecture scolaire. Les espaces doivent être flexibles, ouverts et adaptés aux besoins des élèves d’aujourd’hui, permettant ainsi une meilleure interaction, mobilité et autonomie.
Voici une conférence dessinée du tedx de Vincent Faillet « changer la classe pour changer l’école ». Son discours est très proche du travail de Louise Michaud :
L’Importance de modifier l’aménagement de l’école
Les pédagogies actives nécessitent des environnements flexibles et adaptés, favorisant la libre circulation et l’interaction entre les élèves. Modifier l’aménagement des écoles traditionnelles est donc essentiel pour répondre aux besoins actuels de l’éducation.
Besoin de pédagogie active
La pédagogie active repose sur l’idée que les élèves apprennent mieux lorsqu’ils sont physiquement et mentalement engagés dans leur apprentissage. Pour cela, les espaces doivent être conçus pour encourager la participation active et l’autonomie des élèves. Des espaces clairs et ouverts sont nécessaires pour permettre une variété d’activités éducatives, du travail individuel aux projets collaboratifs.
C’est rigolo car je trouve qu’il y a un parallèle à faire avec la carte mentale qui demande également un engagement actif 😉
Mutualisation des espaces
Un des moyens les plus efficaces de répondre à ces besoins est la mutualisation des espaces. Au lieu d’avoir des salles de classe séparées et cloisonnées, les écoles peuvent bénéficier de zones partagées où différentes activités peuvent se dérouler simultanément. Voici quelques exemples de mutualisation des espaces :
– Partage des classes : Les salles de classe peuvent être conçues de manière à être facilement réorganisées pour différentes activités, avec des meubles modulables et des cloisons amovibles.
– Salles spécifiques : Créer des espaces dédiés comme des salles multimédia, des ateliers d’art, des salles de sport et de sciences, permettant aux élèves de circuler librement et de choisir l’environnement le plus adapté à leur activité du moment.
– Autonomie et Circulation Libre : Permettre aux enfants de se déplacer librement encourage leur autonomie et leur responsabilité. Cela nécessite des corridors larges et des accès faciles aux différentes zones de l’école.
Exemple pratique
Prenons l’exemple de l’école de Techsolab (1), qui a mis en place un laboratoire de bonheur pour les élèves de l’université. Cet espace innovant permet aux élèves de collaborer, d’explorer et d’interagir de manière dynamique. La flexibilité de cet espace favorise une multitude d’activités pédagogiques, reflétant parfaitement l’esprit de la pédagogie active.
Ces modifications, bien que parfois coûteuses et complexes, sont essentielles pour aligner l’architecture scolaire avec les besoins éducatifs modernes.
La classe idéale : une appropriation commune
La classe idéale est celle de l’enseignant et des élèves
Louise Michaud
La classe idéale n’est pas un espace figé mais un lieu vivant, co-créé par l’enseignant et les élèves. Cette approche participative permet de mieux répondre aux besoins pédagogiques et de favoriser un environnement d’apprentissage dynamique et engageant.
Concept de la classe idéale
La classe idéale est celle où enseignants et élèves collaborent pour créer un espace propice à l’apprentissage. L’intention et l’implication de chacun sont essentielles pour transformer une salle de classe traditionnelle en un lieu stimulant. Cette co-création permet de développer des environnements qui sont à la fois fonctionnels et inspirants, adaptés aux différentes activités pédagogiques.
Intention et implication
– Rôle de l’enseignant : L’enseignant joue un rôle clé en initiant et guidant le processus de transformation de l’espace. Il doit être ouvert à l’expérimentation et à l’adaptation des environnements d’apprentissage.
– Participation des élèves : Les élèves sont encouragés à s’impliquer activement dans l’aménagement de leur classe. Leur participation permet de mieux répondre à leurs besoins et de leur donner un sentiment de propriété et de responsabilité.
Exemple pratique
– Innovations pédagogiques : D’autres initiatives, comme la classe de Morgane au Collège Paul Doumer, montrent comment des espaces repensés peuvent soutenir des pédagogies inclusives. Dans cette classe, des aménagements spécifiques permettent d’accueillir les élèves ULIS (Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire), favorisant leur intégration et leur apprentissage.
Processus d’adaptation
Créer la classe idéale est un processus continu d’essais et d’adaptations. Il s’agit d’un cycle d’expérimentation, d’évaluation et de réajustement constant pour répondre aux besoins évolutifs des élèves et des enseignants. Ce processus collaboratif permet d’améliorer progressivement les environnements d’apprentissage et d’optimiser l’impact pédagogique.
Architecte et éducation : levier d’émancipation
L’architecture scolaire joue un rôle crucial dans l’émancipation des élèves. Un espace bien conçu favorise la curiosité, l’autonomie et la socialisation, des éléments essentiels pour un apprentissage épanouissant.
Rôle de l’architecture
L’architecture n’est pas seulement une question d’esthétique, mais aussi de fonctionnalité et d’adaptation aux besoins pédagogiques. En repensant les espaces scolaires, les architectes peuvent créer des environnements qui encouragent l’exploration et l’interaction, tout en répondant aux exigences spécifiques de l’éducation moderne.
– Curiosité : Des espaces ouverts et flexibles incitent les élèves à explorer et à poser des questions. Par exemple, des coins lecture confortables, des zones d’exposition pour les projets et des laboratoires ouverts peuvent stimuler l’intérêt et l’engagement.
– Autonomie : En concevant des espaces où les élèves peuvent se déplacer librement et choisir leurs activités, l’architecture scolaire favorise l’autonomie. Des zones de travail individuel, des ateliers créatifs et des bibliothèques accessibles permettent aux élèves de gérer leur propre apprentissage.
– Socialisation : Les espaces communs bien conçus, comme les cours de récréation, les cafétérias et les salles de groupe, encouragent la collaboration et les interactions sociales. Ces espaces sont essentiels pour développer les compétences sociales et le travail d’équipe.
J’ai découvert la classe dans un dôme ! Dans l’école Anglaise (4) qui a créer un dôme laboratoire de chimie sur le toit de l’école !!
Vous pouvez découvrir tout l’intérêt d’un dôme dans l’apprentissage dans l’article ici.
Études de cas
Louise Michaud nous a présenté de nombreux exemples :
– École démocratique : Cette école utilise des salles à critère de niveau sonore et des espaces modulables pour répondre aux besoins variés des élèves. La théorie de l’abondance est mise en pratique, permettant à chaque élève d’utiliser les ressources de manière unique.
– Classe Hélène, Maternelle Publique : Des espaces de travail flexibles avec des tapis et des coins dédiés permettent à chaque élève de trouver son propre espace de confort et de concentration.
– La grotte – école le renard et la rose : Cet espace de ressourcement offre des tables et chaises isolées pour les moments de calme et de réflexion, tout en intégrant des éléments de mobilité physique comme des ballons et des chambres à air.
Selon Louise Michaud, l’architecture scolaire doit être un levier d’émancipation, facilitant un apprentissage actif et engageant !
Ce n’est pas le lieu qui fait l’école mais l’intention qu’on y met
Louise Michaud
Rosan Bosch, architecte
Rosan Bosch est une designeuse néerlandaise reconnue pour ses projets d’architecture scolaire innovants. Elle propose cinq types d’espaces d’apprentissage (3) :
- Le feu de camp : Pour les discussions en petits groupes. Cet espace est conçu pour répondre aux besoins d’apprentissage en petits groupes, permettant des discussions libres, le lancement de projets et une production collaborative.
- Le forum : Espace de présentation pour un large groupe. Espace dédié à la communication où une personne présente un sujet ou une œuvre à un groupe. Cet environnement permet de montrer des objets physiques ou des contenus numériques projetés. Les gradins offrent un confort optimal pour une écoute collective, facilitant ainsi la découverte et l’appréciation de la présentation.
- Le point d’eau : Lieu de rencontre informelle. Espace ouvert pour des rencontres occasionnelles de courte durée, favorisant les échanges informels et rapides. Cet espace de libre circulation facilite l’interaction spontanée et la médiation fluide entre les utilisateurs.
- Le laboratoire : Espace créatif pour expérimenter. Espace où l’on peut se déplacer, utiliser son corps, fabriquer, faire du bruit, manipuler et expérimenter. Évolutif et créatif, cet espace s’adapte à une variété de projets en fonction des objectifs d’apprentissage.
- Le nid : Espace de travail individuel et concentré. Espace privé et isolé, conçu pour l’apprentissage individuel et concentré. Cet environnement, séparé de l’agitation extérieure, favorise l’introspection, l’entraînement personnel et la réflexion, permettant un retour sur soi propice à l’apprentissage.
Ces espaces sont conçus pour répondre aux divers besoins des utilisateurs et améliorer les comportements d’apprentissage.
Dites moi si vous souhaitez que j’approfondisse ce thème et que je fasse un article dédié au travail de Rosan Bosh 🙂
L’impact du mouvement dans l’apprentissage
Le mouvement joue un rôle essentiel dans l’apprentissage des enfants. Des environnements qui encouragent la mobilité physique et l’interaction active peuvent significativement améliorer la concentration, l’apprentissage, et la socialisation des élèves.
Louise Michaud nous a également partagé l’importance d’aérer les classe ! Pour éviter les maux de tête et la stagnation des différents polluants qui se baladent dans l’air… Je pourrais écrire un article complet sur le matériel de classe et pourquoi le bois et les matières naturelles sont importantes ! 😉
Avantages du mouvement
– Concentration : Les élèves qui bougent régulièrement sont capables de mieux se concentrer sur leurs tâches scolaires. Des pauses actives et des opportunités de mouvement aident à réduire l’agitation et à améliorer l’attention.
– Apprentissage : Le mouvement stimule les fonctions cognitives et peut aider à ancrer les concepts appris. Les activités physiques et les manipulations concrètes permettent aux élèves de comprendre et de retenir plus facilement les informations.
– Inclusion et singularité : Le mouvement permet d’inclure tous les élèves, quels que soient leurs besoins particuliers. Il favorise la reconnaissance et la valorisation des différentes façons d’apprendre et d’interagir avec le monde.
– Socialisation : Les activités physiques et les jeux collectifs offrent des opportunités naturelles pour les élèves de se socialiser, de développer des compétences de communication et de coopération.
Pratiques inclusives
Pour maximiser les bénéfices du mouvement, il est crucial de repenser la posture et le rôle de l’enseignant, ainsi que l’organisation de l’espace de la classe.
– Flexibilité des postures : Les salles de classe doivent offrir une variété de postures possibles, comme des tables basses et hautes, des ballons, des chaises flexibles, et des zones de travail au sol. Cette diversité permet aux élèves de trouver la position la plus confortable et efficace pour eux.
– Adaptation des espaces : Les espaces doivent être modulables pour s’adapter rapidement aux besoins changeants des activités et des élèves. Par exemple, des coins lecture confortables, des zones de travail collaboratif, et des espaces dédiés au jeu et à la détente.
Exemples inspirants
– Classe de Cécilia : Cette classe a intégré des éléments de gymnastique pour les élèves de CM1/CM2, avec des activités physiques régulières pour améliorer la concentration et l’engagement.
– École Petaluma : Utilisation de balles de tennis sous les chaises pour le silence. Ballons, pédaliers, et chambres à air pour encourager le mouvement et la flexibilité posturale.Conclusion de la section
Le mouvement est un élément clé pour un apprentissage optimal.
Repenser la posture de l’enseignant
La transformation des espaces scolaires et l’intégration du mouvement dans l’apprentissage nécessitent également une évolution de la posture et des pratiques de l’enseignant. Pour tirer pleinement parti des environnements d’apprentissage flexibles et dynamiques, les enseignants doivent adopter de nouvelles approches de gestion du temps, de l’espace et des interactions avec les élèves.
Gestion du temps et flexibilité
– Horaires flexibles : L’enseignant doit être capable de s’adapter aux besoins changeants des élèves et des activités. Cela implique de repenser les horaires traditionnels pour permettre des périodes de travail plus longues ou plus courtes en fonction des tâches et des rythmes individuels.
– Adaptation continue : La flexibilité est essentielle pour réagir aux imprévus et aux opportunités d’apprentissage spontanées. Les enseignants doivent être prêts à modifier leurs plans en fonction des besoins des élèves et des dynamiques de classe.
Responsabilisation des élèves
– Autonomie et responsabilité : Encourager les élèves à prendre en charge leur propre apprentissage en leur offrant des choix et en les impliquant dans la planification des activités. Cela peut inclure la co-création des règles de la classe, la participation à l’organisation de l’espace et la prise de décisions concernant les projets.
– Encouragement et soutien : Les enseignants doivent adopter un rôle de facilitateur plutôt que de simple transmetteur de connaissances. Ils doivent encourager les élèves à explorer, expérimenter et collaborer, tout en fournissant le soutien nécessaire pour surmonter les obstacles.
C’est exactement cette posture que j’aime adopter avec les jeunes du mastermind ado. Être à l’écoute des besoins et modifier les séquences en fonction du moment, des difficultés passagères…
Conclusion
L’architecture et l’aménagement des espaces scolaires jouent un rôle déterminant dans la qualité de l’éducation.
Il est temps de repenser notre approche de l’éducation et de l’architecture scolaire ! En adoptant des stratégies innovantes et en impliquant activement enseignants et élèves dans la conception de leurs espaces d’apprentissage, nous pouvons créer des environnements qui favorisent la curiosité, l’autonomie et la socialisation. Ces changements, bien que parfois complexes à mettre en œuvre, sont essentiels pour répondre aux besoins éducatifs d’aujourd’hui et préparer nos enfants pour le monde de demain.
J’espère que cet article vous aura plu ! N’hésitez pas à commenter et me faire part de votre expérience à l’école 🙂
à très vite,
SoF
Sources :
(1) https://theconversation.com/bonheur-a-lecole-un-laboratoire-sempare-de-la-question-98014
2. Les Fourmis, quand la ville fait l’école : Le site de Louise Michaud, présente un projet de documentaire explorant les pratiques pédagogiques innovantes et l’aménagement des espaces scolaires.
(3) consultez Archiclasse.
(4) un dôme à l’école en Angleterre
Merci beaucoup pour cet article qui me parle tellement. Nous avons testé plusieurs systèmes scolaires pour ma fille atypique (multi-dys, TDAH, hypersensible) avant de nous rendre compte qu’il fallait lui transmettre une compétence majeure : apprendre à apprendre avec plaisir et optimisme. Et l’architecture et l’aménagement des espaces scolaires jouent effectivement un rôle déterminant. Ma fille enregistrera davantage un cours de sciences naturelles si elle apprend cela dans la nature. Sa mémorisation sera plus efficaces si elle effectue les tâches en bougeant. Merci de mettre la lumière sur ce sujet d’actualité.
Bonjour Élise, merci beaucoup pour votre partage. La joie et l’optimisme dans l’apprentissage sont les premières clés de la réussite, et votre fille est vraiment chanceuse de bénéficier de cette approche. J’aime montrer aux jeunes qu’ils peuvent gagner du temps et être plus efficaces, mais ce qui compte le plus, c’est d’infuser de la joie dans leurs apprentissages. C’est un véritable engrais pour leur croissance !
Super article avec des pistes très intéressantes ! Cela ne m’étonne pas que l’architecture et l’aménagement des espaces scolaires jouent un rôle déterminant dans la qualité de l’éducation.
Merci Jessica, je suis contente que mon article vous ait plu 🙂